20 June 2025

Le respect du droit d’asile recule, les déplacements forcés avancent : l’urgence d’agir ensemble

Montréal, le 20 juin 2025. En cette Journée mondiale des droits des personnes réfugiées, la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI) salue le courage et la résilience des personnes en quête de protection. Elle dénonce les reculs inquiétants que représente le projet de loi C-2 dans l’accès au droit d’asile, un droit pourtant protégé par la Convention de Genève relative au statut des réfugiés, que le Canada a signé et ratifié.

D’après le dernier rapport annuel Tendances mondiales du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), 123 millions de personnes étaient déplacées de force à la fin de l’année 2024. Ce nombre rond cache derrière lui des femmes, des enfants et des hommes qui fuient les guerres, la violence et la persécution, en quête de sécurité. Fondamentalement, il témoigne de l’échec de la communauté internationale à maintenir durablement la paix et la sécurité dans le monde. Alors qu’une minorité seulement trouve refuge au Canada et au Québec, la réponse politique actuelle résonne surtout par le claquement des portes qui se ferment, laissant entrer volontiers de nouvelles mesures toujours plus restrictives. Cette posture est non seulement déconnectée de l’ampleur croissante des déplacements forcés à l’échelle mondiale, aussi elle s’éloigne drastiquement de la solidarité historique du Canada à l’égard des personnes en quête de protection. Parmi les mesures préoccupantes au Canada, le projet de loi C-2 introduit des restrictions majeures au droit d’asile, risquant d’exclure des personnes vulnérables de protections essentielles, pouvant conduire à leur expulsion. De plus, il autoriserait aux autorités frontalières de suspendre, d’annuler ou de modifier l’examen de certaines demandes d’immigration, ainsi que le statut ou les documents des personnes concernées, les exposant, au mieux, à une précarisation accrue, au pire, à une situation irrégulière. La TCRI souhaite rappeler que les personnes en quête de protection ne réclament pas de privilèges, mais simplement le respect de leurs droits fondamentaux.

La TCRI exhorte les gouvernements fédéral et provincial :

  • De faciliter l’accès à la protection internationale en supprimant les mesures qui visent à interdire l’accès au territoire canadien aux personnes qui y cherchent la protection, notamment par le retrait du Canada de l’Entente sur les tiers pays sûrs et l’abandon du projet de loi C-2, tout en veillant à travailler activement à prévenir les causes premières des déplacements forcés;
  • D’éliminer les obstacles à l’intégration, notamment dans l’accès aux mesures d’intégration, d’employabilité et de francisation;
  • De promouvoir des solutions respectueuses et humaines qui tiennent compte de la vulnérabilité et de la situation particulière des personnes en demande d’asile;
  • De fournir des ressources supplémentaires aux organismes communautaires afin qu’ils puissent répondre durablement aux besoins des personnes qu’ils accompagnent;
  • D’élargir les programmes de réinstallation pour offrir une solution durable à un plus grand nombre de personnes réfugiées.

Citations tirées de la vidéo-lettre ouverte publiée à l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés :

« Derrière chaque demande d’asile, derrière chaque réinstallation, il y a une personne, une famille, un passé, un avenir. » Samuel, citoyen engagé pour l’accueil.

« Il est temps de reconnaître les personnes en demande d’asile et réfugiées comme des êtres humains à part entière, qui contribuent à la société sur les plans économique, social, culturel et plus encore. » Alice, citoyenne engagée pour l’accueil.

« Nous vous demandons de parler de nous avec nuance. Les mots peuvent construire des ponts ou des murs. Aidez-nous à bâtir des ponts. » Josué, en demande d’asile au Québec.