Les décisions changeantes en matière d’immigration génèrent incertitude, stress et précarité pour des milliers de personnes au Québec. Derrière chaque chiffre, chaque seuil, il y a des vies qui méritent d’être traitées avec dignité.

Les récents changements en matière d’immigration au Québec créent un climat d’incertitude croissant pour les personnes souhaitant s’établir ici de manière permanente. En quelques mois, les règles ont fluctué : l’arrêt des invitations à présenter une demande de sélection permanente pour le Programme régulier des travailleurs qualifiés (PRTQ), la suspension de la réception des demandes de sélection permanente dans le volet Diplômés du Programme de l’expérience québécoise (PEQ-Diplômés), moratoire sur les travailleurs étrangers temporaires à bas salaire, entre autres.

Chaque nouvelle annonce plonge des personnes dans l’incertitude, multipliant l’angoisse pour celles et ceux qui sont venus au Québec en quête de stabilité. Pour ces personnes déjà présentes sur le territoire, ces modifications radicales renforcent un sentiment de vulnérabilité et mettent leurs projets de vie en péril pour une durée indéterminée.

Vous vous demandez peut-être d’où surgissent toutes ces annonces. Les récentes décisions du gouvernement en matière d’immigration relèvent malheureusement d’une politisation irresponsable du sujet, où l’immigration est utilisée comme un levier politique pour exacerber la peur et atteindre des objectifs électoralistes. Vous avez sans doute entendu nos décideurs politiques associer l’immigration à divers « maux » de la société, allant jusqu’à la relier à la baisse du taux de natalité. Ces associations fallacieuses, qui nuisent grandement à la cohésion sociale et contribuent à la marginalisation des personnes concernées, ont ouvert la porte à de nouvelles mesures restrictives.

En faisant miroiter à nouveau une réduction des seuils, le gouvernement envoie un message d’exclusion qui ignore les parcours, les sacrifices et les rêves des personnes aspirant à s’intégrer et à contribuer à la société québécoise. Chaque annonce représente une fermeture de porte pour des individus et leurs familles, créant un climat d’indifférence face à des histoires de résilience. En adoptant une telle approche, le gouvernement met de côté des valeurs fondamentales de solidarité qui sont au coeur de notre identité collective.

Des vies en suspens

Les changements incessants dans les politiques d’immigration créent un stress constant chez les personnes immigrantes et leurs familles. La détresse et l’incompréhension sont d’autant plus vives que ces personnes sont sur le territoire parce que le gouvernement du Québec a ouvert la voie à leur venue en raison du besoin criant de main-d’oeuvre. Puis, sans avertissement, le gouvernement change subitement de direction.

En tant que regroupement de 157 organismes au Québec, la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes reçoit des témoignages de ses membres qui font face à un flux d’appels de personnes inquiètes, souvent en situation de précarité, cherchant désespérément des réponses claires face aux règles changeantes. Ces annonces gouvernementales, loin d’apporter des solutions systémiques, contribuent à alimenter la confusion et l’angoisse.

Cette instabilité affecte bien plus que le parcours administratif des personnes concernées : elle a un impact sur leur santé mentale, leur sécurité et leurs espoirs d’avenir. Pour certaines familles, l’angoisse devient insoutenable, les fragilisant davantage. Sans compter que la rhétorique du gouvernement alimente une perception négative à leur égard, exacerbant leur vulnérabilité et affaiblissant ainsi la cohésion sociale, au détriment de tous.

Le gouvernement du Québec doit comprendre que derrière chaque décision se trouvent des vies humaines en attente, des personnes qui méritent une réponse empreinte de respect et de dignité de la part du Québec, leur société d’accueil, à laquelle ces personnes veulent pleinement contribuer. L’immigration ne se résume pas uniquement à des seuils ou à des chiffres, elle touche avant tout à la dignité humaine et à notre responsabilité collective.

Le Québec s’est toujours défini comme une terre d’accueil. Agissons donc en cohérence avec ces valeurs et montrons que notre engagement envers les personnes immigrantes et réfugiées est à la hauteur de notre identité collective.